Analyse politique du contenu

   Le SCOT (Schéma de Cohérence et d’Orientations Territoriale) est une somme documentaire ( plus de 500 pages), feuille de route de l'ARC concernant l'aménagement du territoire, définissant le projet urbain de l’agglomération à échéance d’une quinzaine d’années, à partir de choix arrêtés par les élus aux commandes.

   Le PADD du SCOT de l’ARC assume ainsi parfaitement sa teneur politique, et tend à faire de la performance territoriale l’élément phare du projet qui devra permettre d’attirer entreprises prestigieuses et population (CSP+ particulièrement), encore hésitantes à s’installer sur le Compiégnois. Derrière cette performance, sont endossés l’affirmation de la concurrence locale (le Compiégnois désigné comme « capitale économique de la vallée de l’Oise »).

 Nous nous positionnons contre les politiques de mise en concurrence des territoires. En lieu et place nous prônons la coopération.  En cela, nous soutenons avec d’autres l’idée de mise en place d’une vision et d’une stratégie inter-SCOOT avec les intercommunalités avoisinantes.

 C’est seulement ainsi que peuvent être mises en place des politiques structurantes de développement durable, par exemple :

-          boucles courtes de production/distribution de produits agricoles et maraîchers,

-          rationalisation du développement urbain et maîtrise des flux migratoires pendulaires,

-          production d’énergies durables et consommation locale raisonnée.

    Un PADD est une traduction politique qui en dit souvent long sur les véritables intentions sous jacentes. La ritournelle du « développement économique » semble être la seule vision disponible. Elle est resservie aux 4 axes d’orientation (l’Oise, le cadre de vie, l’emploi et l’urbanisme) et traduit une vision d’aménagement du territoire surannée car productiviste, polluante et consommatrice de ressources. Jamais elle n'intégre les dimensions sociales et écologiques, base de tout projet digne des enjeux du XXI° siècle.

   Au delà des seuls éco-quartiers, ce sont des solutions concrètes en termes d’isolation de l’habitat, de déplacements collectifs renforcés, de recyclage des matériaux et déchets que nous préconisons pour répondre aux défis d’une hausse planifiée de la population. 

   De même la question centrale de l’eau (approvisionnement et apurement) est injustement négligée. Une réflexion globale quant à la nécessité de faire du territoire un agent de purification de l’Oise (un aval plus propre que l’amont) permettrait de remettre en question l’ensemble de l’aménagement du territoire et d’orienter ses choix structurels concernant ses rejets.

   En creux est établie une hiérarchie territoriale verticale (agglo/village/bourg) où les petites communes sont invitées fermement à participer à l’accueil de populations ou d’infrastructures moins prestigieuses mais gourmandes en territoire. Résultats possibles : Extension des zones d’activités & commerciales grignotant la campagne, création de zones pavillonnaires impersonnelles, saturation du réseau routier et accroissement des nuisances (bruits, pollutions, accidents). 

    Egalement, même si certaines problématiques importantes semblent traitées, elles ne consistent en réalité qu’en vœux pieux. Mixité sociale, réduction des émissions de gaz à effet de serre, lutte contre l’étalement urbain et traitement des pollutions … tout y est. Mais paradoxalement, la mise en place du SCOTT et ses réalisations concrètes viendront alimenter ces problèmes davantage qu’elles ne les résoudront.

   Illustration : en matière d’environnement, le sacrifice constant du foncier au profit d’activités commerciales ou logistiques (Hauts de Margny, zone de Jaux/Venette) est concentré sur la partie nord du plateau. Bitume et béton au milieu des champs. L’étalement urbain se fait aux dépends de terres arables de bonne qualité. Les centres-villes continuent de perdre leurs commerces et les populations les plus fragiles sont évacuées en périurbain. Tout cela accroît les déplacements véhiculés et les pollutions attenantes, et fait reculer toujours plus loin la limite ville/campagne. Le territoire est saturé et le cadre de vie s’en trouve dégradé.

   Le PADD du SCOT de Compiègne est en réalité un condensé de la politique mise en œuvre par M. Sarkozy est soutenue par M. Marigny. La course aveugle vers le quantitatif sans jamais considérer le qualitatif.

Dans ce document, la place du citoyen, usager et résident, est anecdotique. C’est ainsi le thème abordé en dernier : « Mettre l’humain au cœur du projet de développement de l’ARC ». Sachant que l’élaboration du SCOT s’est peu frottée à la consultation publique, que son amendement par des demandes de la population est exclue et que son adoption ne sera préalablement sanctionnée par aucun débat contradictoire, il apparaît clairement que la démocratie locale n’aura pas eu l’occasion d’être promue ou facilitée cette fois encore au sein du Compiégnois.